LE GRAND DÉLUGE MYTHE OU RÉALITÉ
Dans l’édition du 4 août 2016 du magazine “Science”, un article de recherche évoque l’idée que la légende du grand déluge d’il y a 4 000 ans en Chine et celle disant que l’empereur Yu aurait réussi à contenir ce déluge n’étaient peut-être pas des mythes, mais bien des témoignages de l’Histoire.
La légende du grand déluge se retrouve dans de nombreuses civilisations du monde, comme celles de la Mésopotamie, de la Grèce, de l’Inde, de la Chine et celle des Mayas. L’histoire la plus connue en Chine est celle du grand déluge daté d’environ 1920 avant J.-C. et de son contrôle par l’empereur Yu.
Selon la légende, les inondations ressemblaient à de « l’eau bouillonnante s’écoulant sans fin », détruisant le cours du fleuve Jaune, les rues des villes et les terres agricoles. L’empereur Yu, qui a fondé la première dynastie chinoise, les Xia, était un grand homme qui a réussi à contenir les inondations et qui a maintenu en vie la civilisation chinoise antique.
Même aujourd’hui, avec les progrès de la science, on n’entrevoit toujours pas de solution face à une inondation de cette grandeur. Par conséquent, pour les gens modernes, les grandes inondations survenues en Chine il y a plus de 4 000 ans et leur contrôle par l’empereur Yu ne peuvent être que des mythes.
Les historiens n’ont trouvé aucune preuve archéologique de destructions dévastatrices causées par le déluge, ni de la façon dont Yu aurait drainé les eaux de crue. Les chercheurs n’ont trouvé que des histoires écrites transmises de génération en génération.
L’article du géologue Wu Qinglong de l’Université normale de Nanjing, publié dans la revue Science, a fourni des preuves géologiques du grand déluge de la Chine, estimé entre 1900 et 2000 ans avant JC.
Lors de ses recherches le long du fleuve Jaune en 2007, Wu Qinglong a remarqué que certains sédiments étaient d’une épaisseur inhabituelle et semblaient être des sédiments dus à des eaux de crues. Puis il a trouvé de nombreux éléments minéraux, ce qu’on appelle “mudstone” ainsi que du schiste vert, qui étaient censés se trouver loin en amont dans les montagnes. Tous ces signes révèlent qu’il est en effet possible que le fleuve Jaune ait connu une grave inondation dans les temps anciens.
Wu Qinglong a alors rapidement réuni une équipe d’archéologues, de géologues et d’historiens afin de déterminer si oui ou non, le déluge de la légende avait réellement existé. L’équipe de recherche a découvert des preuves d’inondation et des poteries cassées dans une grotte effondrée près du célèbre site néolithique de Lajia, dans le Qinghai. En plus, les vestiges d’un immense déversoir ont été découverts dans les collines des gorges de Jishi, en amont du fleuve Jaune.
Le village de Lajia a été détruit par un important tremblement de terre. Un examen au carbone 14 des ossements d’enfants trouvés sur le site a révélé que la catastrophe s’est produite en 1922 avant J.-C. (L’incertitude de cette mesure est d’environ 28 ans.)
L’analyse de la matière organique contenue dans les sédiments de l’inondation a montré que le déluge s’est produit vers -2000, date proche de celle de la datation des ossements du site de Lajia et de la date de l’inondation inscrite dans l’Histoire. Des dépôts d’inondation ont également été trouvés dans les fissures formées par le tremblement de terre à Lajia, ce qui suggère que les dates de ces deux événements sont très proches l’une de l’autre.
Sur la base de ces éléments, l’équipe de recherche a émis cette hypothèse : un tremblement de terre aurait provoqué des glissements de terrain dans la région montagneuse à l’ouest du cours supérieur du fleuve Jaune, et de la terre et des roches seraient tombées à l’embouchure de la gorge de Jishi, formant un barrage artificiel qui aurait empêché la rivière de passer. La rivière aurait commencé à remplir les gorges et le niveau de l’eau aurait continué à monter. Les habitants en aval n’auraient vu que le fleuve Jaune s’assécher, ignorant qu’une catastrophe se préparait.