Le canular de l’auto-immolation Place Tiananmen
Dans “Chine sans censure” aujourd’hui, si vous ne pouvez trouver une information, fabriquez-la.
Retour en Chine, en 2001. Début du 21e siècle, tout le monde est heureux car convaincu qu’en mois de 15 ans nous aurons des hoverboard. Les autorités chinoises ne sont inquiètes que d’une chose – non, pas la pollution de l’eau, quelque chose qui les inquiète vraiment– la persécution du Falun Gong.
Elle dure depuis deux ans, elle a coûté beaucoup d’argent et de campagnes de propagande et l’opinion publique y est largement opposée.
Personne ne comprend vraiment pourquoi elle a lieu.
Le Time dit à l’époque que « beaucoup de chinois trouvent que le Falun Gong n’est pas un danger et que la persécution par l’Etat est allée trop loin ».
Pas d’inquiétude à avoir, car quand l’Etat contrôle les médias il peut inventer des choses.
Mais les histoires qu’ils avaient fabriquées sur des pratiquants de Falun Gong devenant fous et s’ouvrant le ventre avaient une faible crédibilité, donc ils l’ont refait. Le 23 janvier cette année, des personnes s’immolent par le feu sur la place Tian’anmen.
C’était un groupe de pratiquants du Falun Gong voulant se suicider en pensant qu’ils iraient au ciel. Tous les médias chinois en ont parlé quotidiennement pendant 1 an et l’opinion publique s’est retournée contre le Falun Gong – exactement ce que le régime chinois voulait.
En particulier quand ils ont montré cette petite fille de 12 ans forcée par sa mère à se brûler.
Mais les faits ont commencé à montrer leurs affreux visages. Pourquoi les médias ont-ils d’abord parlé de 5 personnes, puis ont changé et dit 7 ?
Pourquoi y avait-il des dizaines de policiers avec des extincteurs ?
Ils ne se promènent pas sur la place avec des extincteurs et le plus proche bâtiment était à 20 minutes aller-retour.
Comment est-il possible que le reportage en anglais du média officiel Xinhua soit sorti des heures avant la version chinoise alors que toute nouvelle doit passer par de multiples couches de censure et contrôles avant de pouvoir seulement être publiée en chinois ?
Pourquoi, alors que les cheveux sont la première chose qui brûle, cet homme les a-t-il tous gardés ? Pourquoi la bouteille en plastique pleine d’essence ne s’est-elle même pas tordue ?
D’où viennent les images ? A l’époque les caméras de sécurité sur Tian an men étaient fixes, mais celles-ci tournent et font des zooms.
Regardez ces images, qui les a prises ? On dirait que le policier attend que quelqu’un prenne des images avant de recouvrir l’homme d’une couverture.
Les médias officiels ont dit que cela venait d’une équipe de la CNN qui faisait un reportage sur les manifestations habituelles du Falun Gong mais CNN dit qu’ils ont été immédiatement arrêtés et n’ont pas pris une seule image. Comment cela pourrait-il être leurs images ? Et nous savons que les policiers ont l’interdiction de faire des vidéos, donc qui a pris cela ?
J’ai parlé à l’équipe CNN, vous vous rappelez de la fille de 12 ans ? Ils n’ont jamais vu cette fille de 12 ans.
Mais les médias chinois l’ont montrée dans ses bandages et elle avait une trachéotomie à cause des brûlures et… attendez, une trachéotomie ? C’est quand ils font un trou dans ta gorge et y plantent un tube pour que tu puisses respirer — et elle donnait un interview ?
On ne peut même pas parler après. Et que fait cette journaliste dans la même chambre qu’elle ? Les grands brûlés sont censés être dans une chambre stérile. Cette brûlée de 12 ans donne un interview dans une chambre standard, et personne ne porte de masque.
C’est comme s’ils voulaient qu’elle attrape une infection ou… elle n’est pas brûlée. Mais si elle ne l’est pas, pourquoi est-elle soudainement morte quelques semaines après, juste avant sa sortie de l’hôpital ? Oh mon dieu…
Maintenant pour sa mère, la « pratiquante de Falun Gong » qui l’a forcée à aller sur la place Tiananmen pour s’immoler.
… eh bien finalement ce n’était pas une pratiquante de Falun Gong. Philip Pan du Washington Post est allé dans sa ville natale deux semaines plus tard et a découvert qu’elle « travaillait dans un nightclub, prenait l’argent des hommes pour leur servir d’escort, frappait sa mère et sa fille. Personne ne l’avait jamais vu pratiquer Falun Gong ».
Eh bien les médias d’Etat ont une réponse à cela : L’article du Washington Post est sorti le 4 février. Quatre jours après Xinhua a écrit qu’elle avait commencé à pratiquer après le début de la persécution et qu’elle le faisait secrètement. Même si le 30 janvier précédent le gouvernement disait qu’elle avait commencé bien avant la date d’interdiction de la pratique.
Que se passe-t-il ici ? Peu importe qui elle était, elle est morte pendant l’immolation, cela est un fait et quand je dis « morte pendant l’immolation » je veux dire, comme l’a indiqué le correspondant du Boston Globe, parce qu’elle a été frappée –
Donc, est-il possible que ces personnes n’aient pas été des pratiquants de Falun Gong mais des personnes poussées à faire cela, avec la promesse que la police serait là avec les extincteurs pour éteindre le feu ?
Donc quand les médias occidentaux ont commencé à réaliser qu’il y avait quelque chose de vraiment bizarre, les médias chinois ont une nouvelle fois changé leur histoire. Ils ont dit que les pratiquants de Falun Gong s’étaient immolés pour protester contre la persécution, pas pour aller au ciel. Oui, cela rend les choses un peu plus crédibles… excepté que vous changez une nouvelle fois l’histoire et que l’ensemble est visiblement fabriqué ! Et s’ils ont fait cela pour protester contre la persécution, pourquoi ont-ils immédiatement donné des interviews et dit que la persécution est une bonne chose ?
Donc, qu’a fait le régime chinois après coup ? La première chose a été d’interdire le livre « Désastre jaune » de Wang Lixiong. Dans le chapitre 2 de ce livre, quelqu’un paie un groupe de malades incurables pour s’immoler sur la place Tiananmen pour pouvoir le reprocher aux opposants et commencer une persécution politique.
Puis ils ont diffusé la nouvelle de l’immolation partout, pas seulement les journaux grand public, dans les nouvelles économiques, les journaux pour retraités, des magazines de chimie, les manuels de formation des enseignants et même les livres d’école primaire.
D’après Philip Pan, des enseignements anti-Falun Gong sont régulièrement faits en école élémentaire. A Kaifeng, rappelez-vous, la ville de cette dame, ils impriment des timbres anti-Falun Gong. Mike Spiegel de Human Rights Watch écrit que 8 millions de jeunes ont rejoint des organisations anti Falun Gong et que 12 millions d’écoliers ont écrit des textes critiquant le Falun Gong. Freedom House a démontré que le nombre d’emprisonnements, de tortures et de décès de pratiquants de Falun Gong a significativement augmenté après l’événement. Ironiquement, Jiang Zemin, le chef d’orchestre de la persécution du Falun Gong a déclaré que si « des pratiquants de Falun Gong sont battus à mort, cela comptera comme un suicide. »
Merci d’avoir regardé « Chine non censurée », dites-nous ce que vous en pensez au lien ci-dessous, dites-nous ce que vous pensez de l’immolation sur la place Tian’anmen, consultez les pages Facebook et Twitter et inscrivez-vous pour les prochains épisodes. C’était Chris Chappel. A la prochaine.