« Des centaines de personnes le savaient. Personne n’a rien dit. » – Une sexologue

Affaires Pelicot et Le Scouarnec : Anatomie d’une société qui protège les agresseurs — Entretien avec une sexologue experte en questions de genre

Dans cette interview, Coline de Senarclens, sexologue et experte en questions de genre, revient sur deux affaires emblématiques : celle du chirurgien Joël Le Scouarnec, accusé de centaines d’agressions sexuelles sur mineurs pendant plus de trente ans, et celle de Gisèle Pelicot, droguée et violée à son insu par des dizaines d’hommes avec la complicité silencieuse de centaines d’autres. Ces deux cas révèlent un système profondément défaillant : des institutions qui protègent les agresseurs, des témoins qui se taisent, une justice débordée qui classe sans suite, et une société qui continue de minimiser les violences sexuelles.

Coline de Senarclens dénonce une impunité massive, alimentée par le statut social des agresseurs, la peur de dénoncer, et le poids d’une culture du viol omniprésente. Elle insiste sur la responsabilité collective, y compris celle des hommes qui ne se sentent pas concernés, et appelle à une refonte profonde des représentations, de l’éducation au consentement, jusqu’à la justice. Elle affirme que nous sommes à un tournant : la parole des victimes se libère, mais pour que les choses changent réellement, il faut que la société cesse de détourner le regard.